Sayaka Mizuno

Le sanctuaire invisible – 2019

A Kyoto, dans l’ancienne capitale impériale du Japon, Masayo Fujio et Nobuko Takahashi font le récit douloureux de leur vie. A travers leurs histoires, mêlées à celle du quartier Suujin, ressurgit progressivement le passé d’une communauté japonaise invisible qui est toujours discriminée aujourd’hui.

Crédits
HD, 16:9, couleur, dolby 5.1 sound, 30min, Suisse/Japon, GoldenEggProduction/ECAL/HEAD
Avec Masayo Fujio et Nobuko Takahashi
Scénario, réalisation : Sayaka Mizuno
Assistante de réalisation : Natsu Kashiwamoto
Image, étalonnage : Raphaël Dubach
Son : Nao Nakazawa
Montage : Gabriel Gonzalez
Montage, mixage son : Philippe Ciompi
Calligraphie : Ichiro Kawabata
Graphisme : Cédric Gottet
Traduction : Nobuo Naito et David Shotlander
Suivi de projet : David Bernet
Production : Gabriela Bussmann, Lionel Baier et Jean Perret
Assistants de production : Yan Decoppet et Jean-Guillaume Sonnier
Avec le soutien de l’Office fédéral de la culture (OFC), avec la participation de Cinéforom et le soutien de la Loterie Romande Cinéforom, la Commune de Bellevue

Projections
2022 Séminaire de Mme Todeschini, chargée de cours à l’Unité de japonais, Département d’Etudes Est-Asiatiques, Faculté des Lettres, UNIGE
2021 Séminaire de Mme Todeschini, chargée de cours à l’Unité de japonais, Département d’Etudes Est-Asiatiques, Faculté des Lettres, UNIGE
2020 Global University Film Awards, Hong-Kong
2020 Séminaire de Mme Brisset, PO histoire culturelle du Japon, Département d’Etudes Est- Asiatiques, Faculté des Lettres, UNIGE
2020 Séminaire de Mme Todeschini, chargée de cours à l’Unité de japonais, Département d’Etudes Est-Asiatiques, Faculté des Lettres, UNIGE
2020 Deux films de Sayaka Mizuno, cinéma Spoutnik, Genève
https://spoutnik.info/film/deux-films-de-sayaka-mizuno/
2020 Projection-conférence avec Mme Todeschini, association Suisse-Japon, Maison Dufour, Genève
2019 Institut français, Tokyo dans le cadre de Summer Academy ECAL
2019 Astra Film Festival, Sibiu, Roumanie

Critique
« Avec Kawasaki keirin (2016), Mizuno Sayaka nous fait plonger dans le Japon du quotidien, par un montage qui se nourrit d’ellipses et nous laisse le temps de la contemplation. Après plusieurs années, ce film me reste toujours présent à l’esprit pour son fil narratif délicat, qui fait presque figure d’ornement par rapport au réel puissant, montré dans sa socialité par l’image plus que par la parole. Si dans Le sanctuaire invisible la sensibilité pour le réel demeure intacte, ce dernier film de Mizuno Sayaka place au centre la parole. Parole qui est témoignage, récit, dénonciation. Il s’agit de faire émerger la parole des Burakumin, minorité fortement discriminée au Japon par le passé et encore aujourd’hui. Parias dans une société qui ne tolère guère l’Autre, les Burakumin ont souffert la ghettoïsation mais surtout une longue période d’autocensure, qui les a amenés non pas à défendre leurs droits mais à vouloir s’émanciper en se fondant dans la société « normale ». Le résultat est une disparition de ce groupe social : disparition urbaine également, car nous voyons leurs quartiers érodés par la gentrification, mais surtout disparition qui n’entraîne pas la disparition de l’hostilité ambiante envers toute minorité. Si la parole se répète de façon presque monotone dans Le sanctuaire invisible, à travers des récits qui apparaissent comme de faibles variations sur un thème dominant, écrasant — celui de la discrimination —, cette fixité s’allie et laisse beaucoup d’espace à l’image, aux cadrages soignés et exprimer une urbanité dure, lourde, qui donne une sensation d’irréversibilité. Contrairement à Kawasaki keirin, Le sanctuaire invisible est un film qui ne laisse pas de place à l’ambiguïté, qui ne nous pousse pas vers la recherche interne, mais qui se projette plutôt vers l’extérieur du Japon, nous amenant ainsi à ressentir l’universalité de son message. » Giuseppe Di Salvatore